James Blake, le prodigue

 

Par : Anaïs Hélie-Martel

Mis à part être le nom d’un joueur de tennis professionnel, James Blake est aussi le nom d’un des pionniers du mouvement post-dubstep. Si j’en ai déçu quelques-uns en n’analysant pas la carrière de Blake le tennisman, je m’en excuse, mais ceux qui me connaissent savent que je n’ai que deux sports de prédilection, et que le tennis n’en fait pas partie. Et pour créer plus de polémique, je vais ajouter : le hockey non plus…

Bref, trêve de plaisanterie, cet article parle plutôt d’un jeune talent musical qui par sa connaissance musicale et son essence a su créer une nouvelle vague, le post-dubstep. Avant de parler de post, il semble nécessaire de faire un petit topo de ce qu’est le dubstep à la base. En effet, c’est un mouvement né en Angleterre autour des années 2000 qui s’inspire du Speed Garage et du 2-step. En gros, c’est une musique qui privilégié les basses fréquences et les tempos lents, mais tout en incorporant des rythmes rapides et diversifiés. Il y a donc plusieurs niveaux de mesures qui jouent tous en même temps, mais de manière cohésive. C’est comme un gros melting-pot de sons électroniques qui finit par créer un tout plutôt cohérent et qui sert essentiellement à danser frénétiquement avec des mouvements prononcés de têtes. C’est un genre de musique parfait pour faire la fête et s’y donner à cœur joie, pour être plus simple.

Ainsi, en tirant ses influences du dubstep, le post-dubstep se veut plus minimalisme et plus ambiant que dansant par ses mélodies. La structure finale de chaque chanson est souvent moins complexe que le dubstep, mais souvent plus peaufinée. Contrairement à d’autre qui se range dans le courant post comme The Weeknd ou bien SBTRKT, James Blake possède une sensibilité musicale qu’il exploite à bon escient. Sans tomber dans le « quétaine » ou le trop sentimental, ses chansons ont tout de même beaucoup de soul. Il joue sur l’émotion, mais tout en possédant une intelligence musicale incroyable. Blake a étudié en musique à l’école (le piano pour être plus précis), donc il comprend très bien la structure des rythmes, des sons et use cette connaissance de façon réfléchie, ce que d’autres ne font peut-être pas aussi bien. Il analyse, ce qui est plutôt rare chez les musiciens. Pour lui, la musique c’est d’abord cela : réfléchir. Il a d’ailleurs critiqué le dubstep américain à cet égard. Selon lui, il serait sorti de son essence première et serait devenu une sorte de concours entre les différents artistes. Un concours de celui qui « drop the bass » le plus, pour utiliser le jargon du milieu, sans se soucier du produit final; comme un concours de petits garçons pour savoir qui pisse le plus loin. Il n’a pas totalement tort, mais ce « concours » a pourtant créé un autre genre de dubstep; un américain qui s’est ainsi dissocié de celui britannique. Des artistes comme Rusko ou même Mexicans with Guns créent un autre style que Blake certes, mais ils restent néanmoins bons.

Bref, pour ce qui est de James Blake, il reste un prodigue de son époque. Du haut de ses 22 ans, il a su créer quelque chose de singulier et d’intéressant. Pour l’avoir vu en spectacle le 2 octobre, je peux vous affirmer qu’il a le potentiel d’un grand artiste. Je vous invite fortement à acheter son album éponyme, il s’écoute sans effort et il est parfait pour étudier (preuve à l’appui).

Ce qui reste cocasse, c’est que Blake a commencé sa carrière comme producteur et non comme musicien. Pour ma part, je suis bien heureuse qu’il ait décidé de mettre sa musique de l’avant depuis 2010, car il a du talent ce petit!


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