Le monde à l’envers

Par : Cynthia St-Laurent

Parfois, je me demande ce que serait devenu mon être s’il avait pris forme à une tout autre époque. Une époque où la prose n’était point réservée aux romantiques dans l’âme. Cette façon de parler en vers, si belle qu’elle le fût, a disparu toutefois de nos jours, du moins dans le langage populaire. Celle qui vient porter réconfort dans les temps assombris ou lorsque l’état d’esprit est à sa phase thermale. C’est avec de fabuleux écrits que les femmes d’autrefois avaient la nette impression d’être une muse dans la vie d’un tendre chevalier à sa noble cause. Faites que les cieux sauvent nos âmes damnées de notre apologie si restreinte.  Aujourd’hui toutefois est une journée pluvieuse. C’est par elle que nous apercevons au loin notre âme à son apogée. Nous partageons cette journée avec les déboires de nos très chers dieux. Bien qu’impolis de nous imposer de telles miséricordes aux pauvres mortels que nous sommes, là est leur passe-temps favori. Pour cela, je dois ajouter l’étiquette de cruel à la définition des êtres supérieurs. Quoique…Cruel… Est-ce juste à dire? Avec toutes les choses qu’ils nous ont apportées… Certes, ils ne sont point parfaits, mais Gaï, notre mère terre, est remplie de surprise. Bon, me voilà terrassée par la lame de ma raison. Je ne saurais souffrir que d’être un simple caillou sur leur route. L’homme n’est pourtant en rien un obstacle sur le chemin des rois. Il est plutôt l’essence même qui fait renaître les arbres de leurs cendres. L’espoir perdu d’une raison déchue par tant d’inconscients. Il me revient donc de m’assurer que ces arbres arrivent à maturité et que leur magnificence soit à la hauteur des espoirs posés sur l’être humain. Mon engagement semble bien entendu noble, mais je ne dois pas me laisser déconcerter par le monde impie dans lequel nous vivons. Je trouverai les mots qui feront de moi l’ancestrale demeure de la raison, mais pour le moment, je dois laisser peser le lourd voile du mystère sur mes mots et mes intentions. Pourquoi? Simplement parce que je trouve qu’il n’y a aucun plaisir à arracher soudainement ce voile… Mieux vaut prendre son temps.

Certes, la patience est une vertu exaspérante dont bon nombre n’ont point connaissance. Alors si vous la possédez, mieux vaut l’exploiter en bon terme. Je serai aisée que vous soyez de mon avis, en espérant toutefois que cette vertu ne soit pas trop exaspérante pour votre humble personne. Je tente de mon mieux de percevoir le mystère de la vie comme un jeu et use de patience pour les réponses aux questions dont je ne connais point l’équivalence. Il y a bien peu de choses en vérité qui sont aussi frustrantes que l’ignorance relative à l’équivalence. Effectivement, l’ignorance est bien la plus grande crainte de l’être humain! La peur de l’avenir, celle qui nous frotte à notre destin incorrigible. Il faut se raisonner et laisser aller le fil du temps ou bien le saisir. Les deux options se valent, pourtant bien peu choisissent de le saisir, mais s’agit-il seulement de faire le bon choix? Il faut tenir compte que l’erreur grandissante de l’homme la pousse a de cruelles situations. Si l’espoir est parmi nous, il faut prier, puisque nous sommes en train de détruire le monde dans lequel nous avons vu le jour. Malheureusement, la cruelle vérité en est que l’évolution de l’homme procède par la destruction de son monde. Les anciens se trompèrent lorsqu’ils donnèrent au phoenix le destin de mourir et de renaître pour l’éternité. Il s’agissait ici de l’image du destin de l’homme et de ses civilisations. Certes, bien que le cycle de la vie finira par nous détruire, c’est avec l’espoir que nous referons surface et engendrerons les mêmes erreurs. Fort juste, mais c’est une réalité que nous nous devons d’ignorer si nous voulons continuer de l’avant. Il faut vivre un jour à la fois, faute d’ignorer l’avenir pour mieux le construire.

Je ne pourrais citer la démence que notre envie à pour effet de nous donner, mais c’est dans des moments tragiques que nous concevons à créer une manière d’être sans toutefois négliger qui nous sommes et ceux qui nous entoure. Je parle d’une époque où des paroles si douces évoquaient le bien-être intérieur, même lorsqu’une immense fatigue nous submergeait. Enseveli dans la plus froide des noirceurs, le jour arrivait où les propos d’un homme venaient chercher la lumière intérieure de chacune des femmes avec des lettres comme les plus grands en ont écrit. De grands hommes comme Napoléon, Voltaire, Beethoven, des hommes qui n’avaient pas peur des mots.

Je regrette la courtisanerie d’autrefois, mais il existe sûrement quelque part sur cette terre que nous chérissons tous, des hommes et des femmes chantant du haut des montagnes cette douce mélodie. Du moins, je l’espère…


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